19 avril 2024
Diamond Island

« Diamond Island »… chronique de la rencontre

La fin de l’année 2016 a marqué la sortie de Diamond Island, deuxième film de Davy Chou, petit-fils d’un producteur de Phnom Penh mais né en France. On y découvre un Cambodge beau et cruel, et des acteurs, amateurs, qui incarnent avec une forme de douceur une jeunesse tiraillée.

Diamond Island de Davy Chou

Diamond Island, c’est d’abord un quartier dédié au luxe, séparé de la capitale cambodgienne par un seul pont, une unique et faible frontière, un point de rencontre entre l’ultra-modernité et le reste d’une ville et d’un pays où règne encore en force la misère. Une rencontre justement qui ponctue de façon habile et discrète l’ensemble du film, servi admirablement par des comédiens non professionnels, repérés dans la rue.

Les images rappellent parfois celles d’un documentaire, comme une suite logique et sans cassure de Sommeil d’or, documentaire sorti à l’automne 2012, qui  tentait de mettre en lumière les traces encore perceptibles du cinéma cambodgien effacé par les Khmers rouges. Ce long métrage coproduit par Rithy Panh, grand explorateur de la mémoire cambodgienne, avait aussi été sélectionné pour le prix La Croix du documentaire 2013.

Diamond Island met en scène deux adolescents envoyés vers la ville immense et ses chantiers.  Ils vivent pauvrement dans des baraquements à proximité des buildings en construction. En compagnie d’autres jeunes, passée la journée de travail, ils errent dans la nuit, au milieu des couleurs criardes d’une fête foraine et des téléphones portables présents dans chaque main adolescente. Bora retrouve un grand frère mystérieux. Bora goûte à l’amour.

Diamond Island de Davy Chou

On (re)découvre alors l’appel irrésistible et brûlant de l’âge adulte et de ses promesses ; on voit la difficile cohabitation de très jeunes ouvriers vivant dans la précarité avec une jeunesse dorée ; on sent, grâce à Bora (Sobon Nuon), la fragilité du lien entre un Cambodge urbain, connecté, en « progrès », et son pendant rural, traditionnel, où les parents et aïeux sont restés. bref, on est touché par la violence potentielle des sujets abordés par Davy Chou, en même temps que par une certaine patience de sa caméra et, sans aucun doute, par la sensibilité de son regard.

Diamond Island de Davy Chou

Pour regarder la bande-annonce de Diamond Island (sélectionné pour la Semaine de la Critique du Festival de Cannes ; produit par les Films du losange) :

Marie

J'aime prendre le train, lire et marcher en même temps, manger des gâteaux chinois au soja achetés dans un magasin douteux de Belleville, cueillir des mûres, lire des histoires de princesse à mes princesses, lire des histoires de prince à mon prince, zoner dans les boutiques de musée, dénicher des aimants de frigos ringards à la fin des voyages, écouter Glenn Gould et Nigel Kennedy, faire du vélo en jupe avec le vent de face…

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