19 avril 2024

Une soirée foldingue avec Le Cabaret Extraordinaire

Aujourd’hui, j’étais malade, mais ce soir, c’était mon cadeau d’anniversaire. Et quand, dans mon cadeau d’anniversaire, il y a le Cirque des Mirages, duo gothique expressionniste que j’idolâtre (lire notre fabuleuse rencontre avec le grand Yanowski ici), tant pis si je meurs, je meurs heureuse. Je me suis donc fait violence pour me traîner jusqu’au Café de la Danse et j’en suis revenue plus vivante que jamais, même si j’ai bien failli mourir – mourir de rire.

Le Cabaret Extraordinaire, spectacle rassemblant les talents divers de la société de production Avril en Septembre, a été créé en 2014. A l’époque, j’étais intriguée par ce mélange des genres, mais j’avoue que j’adore tellement Le Cirque des Mirages, découvert dans le Off d’Avignon il y a cinq ans, que je n’avais pas spécialement envie de le voir dilué dans d’autres numéros, aussi bons fussent-ils. L’occasion m’a été donnée ce soir de revoir mon jugement : ce cabaret est effectivement extraordinaire. Drôle, TRÈS drôle (j’en ai pleuré), enlevé, extravagant, pétillant, revigorant.

Il faut bien sûr aimer l’ambiance cabaret, music-hall, freakshow, entre paillettes et kitsch, démesure et décadence. Il faut aimer la chanson, l’absurde, la poésie, le cirque, l’esprit potache. Si tout cela vous amuse, alors, c’est sûr, vous passerez un excellent moment avec ces artistes qui nous offrent, durant deux heures, un aperçu de leur univers. Aucun ne ressemble à un autre et c’est cette mixité qui fait le charme de cette soirée joyeusement décalée.

Certains numéros plairont forcément plus que d’autres. Parmi mes favoris, évidemment : le fantasmatique et unique Cirque des Mirages (leur nom n’est-il pas déjà tout un poème ?). Le poète-chanteur-compositeur Yanowski et son pianiste complice « partner in crime » Fred Parker aussi petit et impassible que son compère est immense et vibrant, nous gratifient de trois morceaux, dont l’incroyable « Partie de cartes avec le Diable » et « L’amour à mort », acclamé chaudement par le public. J’ai adoré la présence nouvelle du violon qui rajoute un accent slave très sensuel (Anne Le Pape accompagne Yanowski dans La Passe Interdite, à voir absolument). A leurs côtés, les Sea Girls, quatre sémillantes jeunes femmes emplumées qui entonnent des chansons aux paroles parfois sordides sans se départir de leur plus beau sourire. Pour les avoir déjà vues en concert, je peux vous dire qu’elles dépotent. Le jongleur virtuose Immo, à l’accent délicieusement allemand, m’a fait beaucoup rire. Les Paraconteurs m’ont désarçonnée mais finalement emportée dans leur délire absurde. Pas loin de Bouvard et Pécuchet ! Et le beau garçon à la roue, Thomas Trichet, m’a envoûtée, pas seulement à cause de son corps parfaitement dessiné ! Quant aux autres (la jeune femme au tissu aérien, le Grandiloquent Moustache Poésie Club, les musiciens qui accompagnent tout ce petit monde…), ils ne déméritent pas, loin de là.

Les prestations variées s’enchaînent avec vivacité et fluidité, grâce à la mise en scène d’Armelle Hédin et surtout, la présence d’une créature almodovaresque absolument géniale : Maria Dolores.

Grande prêtresse de cérémonie, elle est un festival à elle seule. Moulée dans sa gaine, forte de répliques hilarantes, elle déclenche par sa seule présence, le fou rire immédiat. Secondée par Jean-Jacques, un technicien moustachu maladroit qui cache bien son jeu, elle sert de fil conducteur au spectacle. Elle chante, danse, avec une aisance enthousiasmante. Quel bagout, quel charisme ! Je ne connaissais pas ce personnage baroque jusqu’à ce jour, elle a été ma découverte et mon coup de cœur du soir !

Que dire de plus qui ne déflorerait pas les surprises ?

Tout simplement : oubliez Patrick Sébastien, ne regardez rien avant (même pas la bande-annonce, que je ne mettrai pas ici) et courez-y sans hésitation. C’est un spectacle facétieux, original, de grande qualité et créativité, qui tient solidement la route et vous donnera le sourire du début à la fin. Un moment d’échange, de partage, de générosité qui fait chaud au cœur dans ces temps où l’individualisme semble primer. Une idée et une initiative à encourager en allant applaudir vigoureusement cette vingtaine d’artistes très différents qui travaillent ensemble dans l’unique but de nous faire rire et rêver.

Merci et bravo à tous.

ATTENTION : le Cabaret Extraordinaire joue encore ce soir (mercredi 3 février 2016) au Café de la Danse à Paris ! Pas sûr qu’il reste des places, mais bon…

Dates de tournées 2016 :

  • 3 février Paris (75) Café de la Danse
  • 27 février Grand Quevilly (76) Centre Culturel Max Dormoy
  • 8 avril Clichy sous Bois (93) Espace 93 Victor Hugo
  • 9 avril Vincennes (94) Centre Culturel Pompidou
  • 15 avril Cannes (06) Palais des Festivals Théâtre Debussy
  • 26 avril Saint-Sébastien sur Loire (44) L’Embarcadère
  • 6 mai Haguenau (67) Relais Culturel
  • …/… d’autres dates à venir

Pour en savoir plus :

Céline

J'aime bidouiller sur l’ordinateur, m’extasier pour un rien, écrire des lettres et des cartes postales, manger du gras et des patates, commencer des régimes, dormir en réunion, faire le ménache, pique-niquer, organiser des soirées ou des sorties « gruppiert », perdre mon temps sur Facebook et mon argent sur leboncoin.fr, ranger mes livres selon un ordre précis, pianoter/gratouiller/chantonner, courir, "véloter" dans Paris, nager loin dans la mer…

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2 réflexions sur « Une soirée foldingue avec Le Cabaret Extraordinaire »

  1. Bravo pour ce bel article, grande grande fan du Cirque des Mirages, je partage votre avis de la première à la dernière ligne sur ce fabuleux spectacle!!! Ma découverte fut également Maria Dolores!

    1. Oh oui, je les ai vus 3 fois en concert (ce n’est pas assez) et ils me manquent, à quand de nouveaux concerts ensemble ? Il faut que j’achète l’album de Yanowski, d’ailleurs !

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