16 avril 2024

« Comme un cri »… le récit d’un drame passé inaperçu

Le théâtre des Déchargeurs accueille jusqu’au 21 mars l’adaptation théâtrale du livre Souviens-toi du Joola de Patrice Auvray. Mis en scène par Amélie Armao, ce récit d’1h30 est celui d’un rescapé. Un récit épuré, sobre, digne, qui laisse toute sa place aux faits et à leur violence inouïe. On en ressort un peu KO. Mais on est vivant.

Dans la nuit du 26 septembre 2002, peu avant 23h, le ferry sénégalais « le Joola » chavire entre la Casamance et Dakar, son port d’arrivée. Alourdi de 4 fois sa capacité de charge, il emmène avec lui 2 000 victimes. Patrice Auvray fera partie de la soixantaine de survivants hébétés, ayant attendu toute la nuit que les secours interviennent, alors que l’épave se trouve à quelques kilomètres des côtes et qu’elle renferme plusieurs centaines de survivants.

Comme un cri - photo

Les mots de Patrice Auvray, qui a perdu sa compagne dans cette macabre aventure, sont dits avec humanité et humilité par Jean-Christian Leroy, qui se fait le porteur de la colère sourde provoquée par l’incompréhension totale. Il raconte tout, et le plus en détails possible, comme pour nous convaincre, comme pour se convaincre que cette tragédie s’est bien passée, malgré toute son absurdité.

La scène, seulement décorée d’un espace blanc de 9m², montre le narrateur littéralement « coincé », dans cette histoire aberrante et qui échappe à l’entendement, comme il l’était dans la cabine du Joola lorsqu’il s’est retourné. Pendant 1h30, le narrateur arpente cette zone mémorielle, dans tous ses coins, dans tous ses détails, pour ne surtout pas oublier.

La mémoire est une chose étrange, précieuse et encombrante. Bien souvent, pourtant, elle peut nous accompagner, fidèle et discrète, sur notre chemin chaotique.

A la fin de la représentation, Amélie Armao et Jean-Christian Leroy nous ont accordé une interview :

Pour en savoir plus :

Marie

J'aime prendre le train, lire et marcher en même temps, manger des gâteaux chinois au soja achetés dans un magasin douteux de Belleville, cueillir des mûres, lire des histoires de princesse à mes princesses, lire des histoires de prince à mon prince, zoner dans les boutiques de musée, dénicher des aimants de frigos ringards à la fin des voyages, écouter Glenn Gould et Nigel Kennedy, faire du vélo en jupe avec le vent de face…

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