18 avril 2024

Ben Howard au Bataclan

Lundi dernier, dans la nuit glaciale parisienne de ce début décembre, Ben Howard, délicat troubadour anglais de 27 ans, venait réchauffer les oreilles de ses fans enamourés au Bataclan. Il était temps pour moi de découvrir sur scène ce jeune songwriter qui m’avait enchantée avec son premier album folk, Every kingdom, écoulé à plus d’un million d’exemplaires, et fini de me séduire avec son second opus, I forget where we were, sorti tout récemment, aux sonorités plus pop et électriques. Un concert aussi moelleux que (trop ?) reposant.

Ben Howard fait partie de cette nouvelle génération de songwriters/folksingers, descendants d’un Nick Drake, petits cousins de Damien Rice ou Bon Iver, aux compositions délicates, magnifiées par un jeu de guitare sensible. Sur CD, ses morceaux forment un ensemble harmonieux. Every kingdom est d’une grande fraîcheur, d’une luminosité émouvante. C’est à peine si on n’y entend pas, à travers la guitare cristalline et la voix légèrement éraillée, le frisson des feuilles dans le vent, le clapotis de l’eau, la course des loups… Un univers ouaté, à l’image de la couverture de l’album. I forget where we were amorce déjà un tournant. Moins épuré, plus dense, se voulant plus atmosphérique. Plus sombre et trouble (comme la couverture) ? Les titres y sont souvent longs. Difficile d’identifier des tubes à proprement parler, mais chaque chanson, lente ou plus rythmée, fait mouche, s’inscrit dans une cohérence globale. J’écoute souvent chaque album d’une traite. Ce qui est assez rare.

En concert, Ben Howard fait son job. La voix est belle, c’est indéniable (le petit côté cassé lui donne une certaine couleur, plutôt chaleureuse) ; la musique, planante. Parfaitement maîtrisée. On frôle le progressif, dans de grandes envolées instrumentales qui concluent certains morceaux. Ce pourrait être intense, pourtant, malgré quelques très beaux moments (« Small things » et son long final, « I forget where we were », l’une de ses plus belles compositions, fiévreuse et mélancolique ce qu’il faut pour emballer les cœurs, « End of an affair », qui met un peu de temps à décoller, mais a un petit côté U2 sympathique, « Oats in the water », enfin un morceau qui bouge un peu), il me manque un je ne sais quoi de folie pour être totalement envoûtée – ou du moins emportée.

La linéarité des morceaux, hyper plaisante en studio, finirait-elle par se transformer en monotonie ? Ou bien Ben manquerait-il un peu de « charisme » ? Souvent assis, les yeux baissés sur son instrument, parfois dos à la foule, notre discret ami semble fondu dans son propre monde et sa prestation manque un peu de communion… Peut-être aurait-il pu ajouter plus d’extraits de son premier opus – notamment « The Wolves » que le public (plus conquis que moi – très anglophone aussi) a, en vain, entonné pour le rappel. Peut-être, enfin, était-ce dû à ma fatigue à moi ?

Toujours est-il que j’aurais probablement plus goûté cette douce musique, très proprement exécutée, confortablement assise dans un fauteuil plutôt que debout en fosse. Ce que je continue de faire en me repassant chez moi ses deux albums en boucle, que je vous invite de tout cœur à découvrir aussi, si vous aimez les ambiances calmes, poétiques et intimistes.

Ben Howard Setlist Le Bataclan, Paris, France, I Forget Where We Were Tour 2014

Photos : Kim Pham

Pour en savoir plus :

Céline

J'aime bidouiller sur l’ordinateur, m’extasier pour un rien, écrire des lettres et des cartes postales, manger du gras et des patates, commencer des régimes, dormir en réunion, faire le ménache, pique-niquer, organiser des soirées ou des sorties « gruppiert », perdre mon temps sur Facebook et mon argent sur leboncoin.fr, ranger mes livres selon un ordre précis, pianoter/gratouiller/chantonner, courir, "véloter" dans Paris, nager loin dans la mer…

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