19 avril 2024

Ma nuit Fauve

Nous les attendions depuis plusieurs mois, sans trop savoir ce que tout ce bruit électrique allait donner sur scène. Sans trop savoir non plus à quoi ressemblaient vraiment ceux dont les voix fragiles et pressées avaient envahi les ondes. On s’est retrouvées au Bataclan, jeudi 6 février 2014. Salle pleine à craquer. Impatience, excitation. Noir salle. Voici Fauve.

Debout à un mètre des enceintes et trois mètres de la scène, j’aurais pu passer une soirée parfaite si je n’avais dû me balancer de droite à gauche selon le rythme imposé par l’homme géant  bien installé juste devant moi.  Et puis finalement, on s’en fiche un peu du géant, parce que dès leur arrivée, dès les premières notes de cette musique lourde et aspirante, tout devient grisant.


Ils sont 4 sur scène (mais 5 dans le collectif). Tout en discrétion et en gaucherie. Mais ils scandent avec une puissance rare les mots d’une jeunesse qui patauge, qui tâtonne, qui cherche une voie, qui essaie d’aimer et d’être aimée. Enchaînant les titres, ceux sortis un peu incognito et ceux du tout nouvel album, depuis « Infirmière », « 4000 îles », « Haut les cœurs », « Lettre à Zoé », « De ceux »… sans pause et sans répit. On est dans l’urgence, dans le viscéral, on a envie de hurler, nous aussi, tout ce qui résiste, tout ce qui coince, tout ce qui fait mal.


On a envie de sourire devant leur culot, leur harangue, leurs cris qui nous bousculent parce qu’ils résonnent si bien en nous. Moi aussi, écrasée par des corps déshumanisés, dans un métro puant, filant chaque matin vers la monotonie, je pourrais bien cracher un « haut les cœurs ! » à l’attention de tous ceux qui y croient, encore.


Bien sûr, il est des puristes pour critiquer mélodies, paroles, genre, rythme ; pour s’offusquer du succès d’une musique imparfaite, brouillon, non-aboutie ; pour moquer une forme de banalité des mots. Soyons un peu banals, soyons imparfaits, faisons les choses en vrac. Laissons-nous toucher, emporter, bouleverser. La vie est un brouillon. On écrit, on a peur, on rature, on recommence. Fauve, c’est ça. La lutte telle qu’elle est vraiment, sans mise en scène ni artifice. C’est ça et c’est bien. Merci vieux frères.

« La tête haute, un poing sur la table, et l’autre en l’air, fais moi confiance. Avant de finir six pieds sous terre, j’aurais vécu tout ce qu’il y a à vivre. Et j’aurai fait tout ce que j’peux faire, tenté tout ce qu’il y a à tenter. Et surtout j’aurai aimé ».

Fauve Setlist Le Bataclan, Paris, France 2014

Pour en savoir plus :

Marie

J'aime prendre le train, lire et marcher en même temps, manger des gâteaux chinois au soja achetés dans un magasin douteux de Belleville, cueillir des mûres, lire des histoires de princesse à mes princesses, lire des histoires de prince à mon prince, zoner dans les boutiques de musée, dénicher des aimants de frigos ringards à la fin des voyages, écouter Glenn Gould et Nigel Kennedy, faire du vélo en jupe avec le vent de face…

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Une réflexion sur « Ma nuit Fauve »

  1. Et c’était aussi ma nuit fauve… J’y étais. Et j’ai adoré. Ils ont trouvé tous les 5 une bonne thérapie en extériorisant ainsi leur mal être. Je suis curieuse de voir comment tout ça va évoluer maintenant qu’ils ont trouvé de quoi redorer leur estime 😉

    C-Lin-Ec (de Bretagne)

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